Montez dans votre DeLorean. Nous vous embarquons dans un espace-temps où Domenech, sélectionneur, balançait des « Estelle je t’aime », en interview bord terrain. Merci pour le voyage Doc. Heureusement que nous parlons aujourd’hui de Formule 1. Grand Prix du Brésil 2008, fin de championnat, à vous les studios.
Flashback de 14 ans en arrière jour pour jour ! Nous sommes le 2 novembre 2008 à São Paulo pour y disputer le dernier Grand-Prix de la saison. La lutte pour le titre est serrée entre le prodige Lewis Hamilton, leader du championnat (94 points) et l’éternel lieutenant de luxe Felipe Massa (87 points). Oui, le comptage des points n’était pas le même qu’aujourd’hui. L’objectif est clair. Si victoire de Massa, une 5ème place suffirait à Hamilton pour l’emporter. SInon, basta le titre mondial !
Le weekend débute, et le premier signe la pole position. Le mec de Nicole Scherzinger n’a, lui, que le 4ème chrono. Aux premiers vombrissements de moteurs, une pluie épaisse s’abat sur les pilotes. Le troupeau partira en pneus pluie. Les cinq premiers gardent leurs positions de départ. Le second virage s’en vient. David Coulthard s’en va. Pour son dernier Grand-Prix, le Britannique percute le rail de sécurité. Retraite prématurée sur de beaux adieux !
Au 10ème tour, la piste commence à sécher. Le brésilien Philippe Masse rentre au stand et chausse des pneus slicks (des pneus pour le sec). Un tour plus tard, Hamilton opte aussi pour ce changement mais ressortira derrière Giancarlo Fisichella et sa 2 CV sa Force India. Un choix qui va lui faire perdre du temps puisqu’il mettra plusieurs tours avant de le doubler.
Le reste de la course fascine et chagrine tel un épisode d’Amour, gloire et beauté… Mais le Grand Manitou de la F1 ou de la météo décide de bouleverser son programme. C’est le retour des gougouttes pour les sept derniers tours. Cruel dilemme. Faut-il rentrer, chausser des pneus pluies et fondre sur les monoplaces encore en slicks OU tenir avec ces pneus inadaptés et se faire rattraper ? En d’autres termes, être chasseur ou chassé ? Le choix paraît évident…mais pas pour tout le monde. En effet, seules les Toyota, dans le groupe de tête, décident de rester en piste alors que le reste de la concurrence choisit de chausser les pneus adéquats. Un pari qui va s’avérer périlleux.
À l’entame du 68ème tour, Massa, à domicile, est toujours en tête. Il va s’imposer sauf erreur de sa part. Au volant de sa Toyota, Timo Glock est quatrième, suivi d’Hamilton, virtuellement champion du monde, et de Vettel. Mais ce dernier n’a rien à jouer et décide de se muer en trouble-fêtes. Lewis passe dans le rétro. À cet instant, Massa est champion du monde. Au bout des 71 tours, Felipe s’adjuge la course. Le clan Ferrari exulte. L’Autodromo éclate de joie. Le Brésil jubile. Le pays tout entier sacre le héros local… mais pour 30 secondes.
Au moment où Massa franchit la ligne, Glock est perdu tel un enfant à la rentrée des classes. Ses pneus secs lui jouent des tours. Il glisse dans chaque virage. Vettel en profite, le dépasse avant le 12e virage, et récupère la quatrième place. En embuscade, Hamilton va directement en profiter lui aussi. Glock se fait doubler avant la longue ligne droite de départ-arrivée. La température extérieure chute encore un peu plus ! Retour à la case départ. Les spectateurs et le garage Ferrari comprennent que le titre vient d’échapper à Massa et au peuple brésilien à cause d’une mauvaise stratégie de Toyota. Lewis est sacré pour la première fois de sa carrière. L’histoire s’occupera d’inscrire six titres supplémentaires à son palmarès. Massa n’aura plus jamais cette opportunité. Le François Pignon de la F1 ne décrochera pas le titre tant convoité.
Après la course, les deux pilotes Toyota ont dû prendre la fuite à la Carlos Ghosn pour éviter un public quelque peu hostile. Un scénario gravé à jamais dans l’histoire de la Formule 1. Les fans brésiliens devront manger leur pain noir…