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ROLAND GARROS – Iga Swiatek : Siphonner Halep c’était bien, déchirer Kenin ce sera encore mieux

Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, je vous demande de faire un tonnerre d’applaudissements pour la jeune et virtuose du tennis polonais : Iga Świątek. Un nom quelque peu agressif pour les tympans, je vous l’accorde, mais un jeu merveilleusement ravissant pour un âge prématuré. À seulement 19 ans, la jeune Iga se hisse en finale de Roland Garros.

Qu’elle en a eu du courage pour surmonter les conditions extrêmes qu’offrait cette édition de Roland. Vent violent, températures basses, pluie, froid, lumière faible, un public aussi nombreux qu’au stade Louis II, la pandémie de COVID-19… Tant de contraintes que peu de joueuses ont su mettre de côté. Pourtant la native de Varsovie s’en est sortie. Elle nous a montré une force mentale exemplaire du haut de ses 19 piges. L’ascension est fulgurante pour ce talent brut. En 2018, la polonaise remportait son unique finale sur le gazon de Wimbledon chez les jeunes. Grâce à ça, elle s’offrait le statut professionnel. Autant dire que cette récente promotion ne lui a pas encore permis de démontrer l’étendue de son talent. Elle n’était jamais allé au delà d’un 1/8ème de finale d’un tournoi de Grand Chelem. Disons plutôt qu’elle attendait de se déplacer à la Porte d’Auteuil pour s’y révéler. Déjà gamine, elle rêvait d’un sacre sur la terre ocre de Paris lorsqu’elle venait disputer ses tournois juniors et qu’elle croisait les stars de l’époque. « Elle aime le court, jouer ici à Paris et elle a toujours dit que c’était son Grand Chelem favori » raconte son entraîneur. Préparez-vous à le prononcer, 1, 2, 3 : Piotr Sierzputowski. « Elle a toujours dit que si elle devait être en finale d’un Majeur, ce serait à Roland. Et elle a toujours su que c’était ici, le meilleur endroit pour son jeu ». Il n’a surement pas tort d’ailleurs le bougre. C’est une démonstration qui se déroule sous nos yeux tout au long de cette quinzaine. 1h10 pour en venir à bout de Podoroska lors de la demi-finale. Son plus long match au cours des deux dernières semaines ? 1h18… 

« Elle aime le court, jouer ici à Paris et elle a toujours dit que c’était son Grand Chelem favori »

Pourrions-nous dire qu’Iga s’est trompée dans ses ambitions ? Impensable. La virtuose a joué sa partition de musique sans fausses notes. On a souvent eu des Mozart du tennis, ici ça serait plutôt la Chopin. Elle a laissé seulement 23 jeux en route pour 72 gagnés. Une vraie machine à la Lewandowski. Comme quoi les polonais ne sont pas uniquement forts pour danser la polka ou mettre de la vodka en bouteille. Mais qu’a-t-elle de particulier ? L’an dernier, elle s’était fait démolir par Halep 6-1 6-0 en 1/8ème. Cette année, la pépite polonaise est revenue avec de nouvelles ambitions. Moins stressée, plus concentrée et appliquée, Iga ne souhaitait pas se faire balayer une seconde fois. Pourtant, le tirage ne la mettait pas dans une bonne posture. Premier tour, Marketa Vondrousova, finaliste sortante. No problemo, 6-1, 6-2, ce qui devait être un choc s’est transformé en une formalité. Bouchard au 3ème tour ? Il n’y avait vraiment pas plus fort ? 6-3, 6-2, retour au pays de la poutine pour Eugénie. Puis vint le bourreau de l’édition 2019. Même stade de la compétition que l’an dernier, un signe du destin. Swiatek – on a laissé tomber les accents parce que c’est plus pratique quand même – avait une revanche à prendre. Revanche réussie, et de quelle manière 6-1, 6-2. Au sortir de ce match, c’est un concassé d’Halep qu’attendaient les journalistes. Lessivage, essorage, trouvez le terme adéquat, peut-être que Simona nous le dira. Atomiser une gagnante de Roland et une finaliste n’est pas une possibilité donnée à quiconque. Quelle serait belle cette victoire samedi ! Décrocher le titre face à une Kenin souffrante depuis le début du tournoi face à des joueuses classées au delà de la 100ème place mais pleine de ressources ce n’est pas mince affaire. Iga a réellement sa carte à jouer demain. Outsider sur le papier certes, à cause de sa 54ème place, les espoirs de la voir soulever le trophée sont immenses. Ne pas partir favorite lui permettra d’aborder cette finale peut-être sans pression ou non. L’américaine de 21 ans a un Grand Chelem gagné cette saison et donc un chouïa plus d’expérience que son opposante. Pour autant, elle a du soucis à se faire prendre un set à celle qui n’a pas perdue plus de 4 jeux dans une manche ne sera pas chose facile. À l’instar d’Ostapenko en 2017, Swiatek pourrait soulever un Roland à 19 ans. Il faudra être plus régulière que Jelena sur la suite de la carrière pour s’imposer en haut du classement WTA.

Nous sommes tous salivant en attendant cette finale inédite et jeunotte qu’on va avoir devant nos écrans. Le pur jeu qu’Iga nous donne en spectacle à chaque match qu’elle dispute donne l’eau à la bouche. L’heure est tout d’abord à sa demi-finale de double dames d’aujourd’hui, qu’elle dispute aux côtés de Melichar. L’étoile montante du tennis féminin se trouve peut-être sous nos yeux. Alors apprécions la, soutenons le beau jeu, et bavez devant l’as de la raquette.

L'auteur : Hugo Bouqueau

Etudiant en science politique, apprenti journaliste, s'inspirant des brillantes analyses de Ricco Blanco de la Plata ( cf Eric Blanc ). Sportime alimente votre molécule du plaisir, et je vous fais prendre votre pied. Faut pas voir petit, il faut voir juste.

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